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Scène II

GERONTE, CHRISALDE, PASQUIN.

GERONTE

Eh ! Viens donc. Qu’il te faut de temps pour peu de chose !

PASQUIN

De l’un de vos trois fils la cuisine en est cause.
En passant, comme un basque, auprès de sa maison,
De cent ragoûts exquis la douce exhalaison
M’est, par un soupirail, venu rompre en visière ;
Mon âme en a passé dans mon nez, toute entière ;
Et piquant l’appétit dont le ciel m’a doué,
Sur la place, un instant, l’odorat m’a cloué.
Excusez, s’il vous plaît, ma friandise émue
Des charmes d’une odeur, chez vous, si peu connue.
Si vous vous offensez d’un plaisir si léger,
Notre pain sec ici va bien vous en venger.

GERONTE

Pour un méchant valet, ma cuisine est trop bonne.
Dis seulement quelle heure Angélique me donne.

PASQUIN

Vous n’avez qu’à l’attendre, & qu’à rester ici :
Elle me suit, monsieur ; & déjà la voici.