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muniquât pas aux contrées italiennes dont elle n’était séparée que par la lagune. Elle s’y approvisionnait déjà en blés et en vins qu’elle consommait ou qu’elle exportait, et elle chercha naturellement à s’y créer un débouché pour les marchandises orientales que les marins débarquaient de plus en plus nombreuses sur ses quais. Par le Pô, elle se mit en relations avec Pavie qu’elle ne tarda pas à animer de son activité[1]. Elle obtint des empereurs germaniques le droit de trafiquer librement, d’abord avec les villes voisines, puis avec toute l’Italie, ainsi que le monopole du transport de toutes les denrées arrivant dans son port.

Dans le courant du xe siècle la Lombardie s’éveille par elle à la vie commerciale. De Pavie elle se répand très rapidement dans les cités des alentours. Toutes s’empressent de participer au trafic dont Venise leur donne l’exemple et qu’il est de son intérêt de susciter chez elles. L’esprit d’entreprise se développe de proche en proche. Ce ne sont plus seulement les produits du sol qui alimentent les relations commerciales avec Venise. L’industrie commence à apparaître. Dès les premières années du xie siècle au plus tard, Lucques, s’adonne déjà à la fabrication des étoffes et nous en saurions bien davantage sur ces débuts de la renaissance économique de la Lombardie, si nos renseignements n’étaient d’une déplorable indigence[2].

Pour prépondérante que l’influence vénitienne ait été sur l’Italie, elle ne s’y est pas fait sentir exclusivement. Le Sud de la péninsule au delà

  1. R. Heynen, op. cit., p. 23.
  2. A. Schaube, Handelsgeschichte der Romanischen Völker, p. 61 (Munich, 1906).