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ne manquait jamais, c’étaient enfin une grange et des caves où l’on conservait, pour subvenir aux nécessités d’un siège et pour fournir à l’alimentation du prince pendant ses séjours, le produit des domaines que celui-ci possédait aux environs. Des prestations en nature levées sur les paysans de la région, assuraient de leur côté la subsistance de la garnison. L’entretien des murailles incombait à ces mêmes paysans qui étaient tenus d’y travailler par corvées[1].

Si de pays à pays le spectacle que l’on vient de décrire différait naturellement dans le détail, les traits essentiels s’en rencontrent partout les mêmes. L’analogie est frappante entre les bourgs de la Flandre et les boroughs de l’Angleterre anglosaxonne[2]. Et cette analogie prouve sans doute que les mêmes nécessités ont entraîné partout des mesures semblables.

Tels qu’ils nous apparaissent, les bourgs sont

  1. H. Pirenne, Les villes flamandes avant le xiie siècle (Annales de l’Est et du Nord, t. I [1905], p. 12). Voy. le plan du bourg de Bruges tel qu’il existait au commencement du xiie siècle dans mon édition de Galbert de Bruges.
  2. W. Maitland, Township and Borough (Cambridge, 1898). Cf. l’étude de M. C. Stephenson, The origin of the English towns, qui paraîtra prochainement dans l’American historical Review. Il faut aussi comparer les bourgs occidentaux avec ceux élevés au xe siècle contre les Slaves, le long de l’Elbe et de la Saale, par Henri l’Oiseleur. C. Koehne, Burgen, Burgmannen und Städte (Historische Zeitschrift, t. CXXXIII, 1925). — Pour le rôle social des bourgs, je me borne à citer le texte suivant qui me paraît tout à fait caractéristique ; il est question de la fondation en 996 du Cateau-Cambrésis « ut esset obstaculum latronibus praesidiumque libertatis circum et circa rusticanis cultoribus ». Gesta episcoporum Cameracensium, Mon. Germ. Hist. Script., t. VII, p. 450. Voy. un exemple analogue dans Koehne, loc. cit., p. 11, n. 5, où il est question de l’érection d’un bourg dans l’évêché de Hildesheim « ad municionem… contra perfidorum incursionem et vastationem Sciavorum ».