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à Herstal, à Jupille, dans la vallée de la Meuse, à Ingelheim, dans celle du Rhin, à Attigny, à Quiercy, dans celle de la Seine, etc. La renommée d’Aix-la-Chapelle ne doit pas faire illusion sur le caractère de cette localité. L’éclat qu’elle jeta momentanément sous Charlemagne n’est dû qu’à sa qualité de résidence favorite de l’Empereur. À la fin du règne de Louis le Pieux elle retombe dans l’insignifiance. Elle ne devait devenir une ville que quatre siècles plus tard.

L’administration ne pouvait contribuer en rien à la survivance des cités romaines. Les comtés qui formaient les provinces de l’Empire franc, étaient aussi dépourvus de chefs-lieux que l’Empire lui-même était dépourvu de capitale. Les comtes, à qui la direction en était confiée, n’y étaient pas installés à poste fixe. Ils parcouraient constamment leur circonscription afin d’y présider les assemblées judiciaires, d’y percevoir l’impôt, d’y lever des troupes. Le centre de l’administration n’était pas leur résidence mais leur personne. Il importait donc fort peu qu’ils eussent ou qu’ils n’eussent pas leur domicile dans une cité. Recrutés parmi les grands propriétaires de la région, ils habitaient d’ailleurs le plus souvent sur leurs terres. Leurs châteaux, comme les palais des empereurs, se trouvaient habituellement à la campagne[1].

Au contraire, la sédentarité à laquelle la discipline ecclésiastique contraignait les évêques, les attachait

  1. Ceci est surtout vrai pour le Nord de l’Europe. Dans le Sud de la France et en Italie, au contraire, où l’organisation municipale romaine a moins complètement disparu, les comtes habitent ordinairement dans les cités.