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de la bourgeoisie. Souvent aussi, il possède son individualité propre. Ses membres reçoivent de la commune l’autorité qu’ils détiennent. Ils sont ses délégués, mais elle n’abdique pas entre leurs mains. Nommés pour un temps très court, ils ne peuvent usurper le pouvoir qui leur est confié. Ce n’est qu’assez tard, quand la constitution urbaine s’est développée, quand l’administration s’est compliquée, qu’ils se forment en un véritable collège sur lequel l’influence du peuple ne se fait plus sentir que faiblement. Au début il en allait tout autrement. Les jurés primitifs chargés du soin de veiller au bien public n’étaient que des mandataires très semblables aux select men des villes américaines de nos jours, simples exécuteurs de la volonté collective. Ce qui le prouve, c’est qu’à l’origine il leur manque un des caractères essentiels de tout corps constitué, je veux dire une autorité centrale, un président. Les bourgmestres et les maires communaux sont, en effet, de création relativement récente. On ne les rencontre guère avant le xiiie siècle. Ils appartiennent à une époque où l’esprit des institutions tend à se modifier, où l’on sent le besoin d’une centralisation plus grande et d’un pouvoir plus indépendant.

Le Conseil exerce l’administration courante dans tous les domaines. Il possède la police des finances, du commerce, de l’industrie, décrète et surveille les travaux publics, organise le ravitaillement de la ville, réglemente l’équipement et la bonne tenue de l’armée communale, fonde des écoles pour les enfants, pourvoit à l’entretien d’hospices pour les pauvres et les vieillards. Les statuts qu’il édicte constituent une véritable législation municipale.