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bourgeoisie. Marseille possède des consuls dès le commencement du xiie siècle et au plus tard en 1128[1], puis on en trouve à Arles et à Nîmes en attendant que peu à peu ils se répandent dans le midi de la France, au fur et à mesure que le commerce y gagne de proche en proche, et, avec lui, la transformation politique qu’il traîne à sa remorque.

Presque en même temps qu’en Italie, la région flamande et le Nord de la France voient se créer des institutions urbaines. Comment s’en étonner puisque comme la Lombardie, cette contrée a été le siège d’un puissant foyer commercial ? Ici, par bonheur, les sources sont plus abondantes et plus précises. Elles nous permettent de suivre, dans une clarté suffisante, la marche des événements. Les cités épiscopales n’y attirent pas exclusivement l’attention. À côté d’elles, d’autres centres d’activité se distinguent. Mais c’est dans les murs des cités que se sont formées ces « communes » dont il importe tout d’abord de distinguer la nature. La première en date et heureusement aussi la mieux connue est celle de Cambrai.

Pendant le xie siècle, la prospérité de cette ville s’était largement développée. Au pied de la cité primitive s’était groupé un faubourg commercial que l’on avait entouré, en 1070, d’un mur d’enceinte. La population de ce faubourg supportait impatiemment le pouvoir de l’évêque et de son châtelain. Elle se préparait en secret à la révolte lorsqu’en 1077 l’évêque Gérard II dut s’absenter pour aller recevoir en Allemagne l’investiture des mains de l’empereur. Il était à peine en chemin

  1. F. Kiener, Verfassungsgeschichte der Provence, p. 164.