Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

durant le xe et le xie siècle au pied des bourgs de Flandre et des régions avoisinantes, sont des agglomérations de marchands. Les quelques passages des chroniques ou des vies de saints qui nous fournissent à leur sujet de trop rares détails, ne peuvent laisser subsister le moindre doute à cet égard. Je me bornerai à citer ici le curieux récit des Miracula Sancti Womari, écrit vers 1060 par un moine témoin des événements qu’il rapporte. Il y est question d’une troupe de religieux arrivant processionnellement à Gand. Les habitants sortent à leur rencontre, « comme un essaim d’abeilles ». Ils conduisent tout d’abord les pieux visiteurs à l’église de Sainte-Pharaïlde, située dans l’enceinte du burgus. Le lendemain, ils sortent de celui-ci pour se rendre à l’église de Saint-Jean-Baptiste, récemment élevée dans le portus[1]. Il apparaît donc que nous avons à faire ici à la juxtaposition de deux centres d’habitation d’origine et de nature diverses. L’un, le plus ancien, est une forteresse, l’autre, le plus récent, est une place de commerce. Et c’est de la fusion graduelle de ces deux éléments, dont le premier sera peu à peu absorbé par le second, que naîtra la ville[2].

Observons avant d’aller plus loin, quel a été le sort tant des cités que des bourgs auxquels leur situation n’a pas réservé la fortune de devenir des centres commerciaux. Tels, par exemple, pour ne point sortir des Pays-Bas, la cité de Térouanne ou les bourgs construits autour des monastères de Stavelot, de Malmédy, de Lobbes, etc.

  1. Miracula. S. Womari. Mon. Germ. Hist. Script., t. XV, p. 841.
  2. H. Pirenne. Les villes flamandes avant le xiie siècle (Annales de l’Est et du Nord, t. I, p. 22).