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tache directement, comme un effet à sa cause, à la renaissance commerciale dont on a parlé aux chapitres précédents, c’est ce dont il est impossible de douter. La preuve en résulte de la concordance frappante que l’on relève entre l’expansion du commerce et celle du mouvement urbain. L’Italie et les Pays-Bas où la première s’est manifestée tout d’abord, sont précisément les pays où la seconde a débuté et où elle s’est affirmée le plus rapidement et le plus vigoureusement. Il est facile de remarquer qu’au fur et à mesure des progrès du commerce les villes se multiplient. Elles apparaissent le long de toutes les routes naturelles par lesquelles il se répand. Elles naissent pour ainsi dire sous ses pas. On n’en rencontre tout d’abord qu’au bord des côtes et des rivières. Puis la pénétration commerciale s’amplifiant, il s’en fonde sur les chemins de traverse qui relient les uns aux autres ces premiers centres d’activité. L’exemple des Pays-Bas est tout à fait caractéristique à cet égard. Dès le xee siècle, les premières villes commencent à se fonder au bord de la mer ou sur les rives de la Meuse et de l’Escaut ; la région intermédiaire, le Brabant, n’en connaît pas encore. Il faut attendre le xiie siècle, pour les y voir apparaître le long de la route qui s’établit entre les deux grandes rivières. Et l’on pourrait faire partout des constatations analogues. Une carte de l’Europe où serait marquée l’importance relative des voies commerciales coïnciderait, à très peu de chose près, avec un relevé de l’importance relative des agglomérations urbaines.

Sans doute les villes médiévales présentent une variété extraordinaire. Chacune d’elles possède sa physionomie et son caractère propres. Elles diffèrent