Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III

DES TRAITÉS DE 1839 À LA CRISE DE 1848


I


La Belgique, on l’a vu à suffisance, n’avait signé que contrainte et forcée les traités du 19 avril 1839. Lorsque neuf ans auparavant, le Congrès avait proclamé à la face, ou pour mieux dire, au mépris de l’Europe, l’indépendance nationale, il entendait bien se réserver le droit et de définir cette indépendance et de déterminer l’étendue des territoires qui en jouiraient. Grisé par le facile succès de la Révolution, il avait parlé comme s’il ne s’adressait qu’au roi de Hollande. De là sa double prétention, non seulement de conserver à la Belgique le Limbourg et le Luxembourg qui s’étaient soulevés avec elle, mais encore, d’y annexer la Flandre Zélandaise. En revendiquant cette dernière, dont les habitants calvinistes faisaient partie depuis le xviie siècle de la République des Provinces-Unies et étaient demeurés unanimement fidèles à Guillaume, il ne pouvait lui échapper cependant qu’il se mettait en contradiction avec lui-même. Il ne s’agissait plus ici d’invoquer le droit du peuple à disposer de son sort. La revendication de la Flandre Zélandaise ne pouvait se justifier que par cette raison d’État contre laquelle précisément s’était faite la Révolution. En cette