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ment hollandais se garda bien de modifier une situation si favorable à son autorité ; il se borna à décorer les départements du nom traditionnel de provinces et ainsi continua de faire, après lui, le royaume né de la révolution de 1830. En dépit de leur nom, les provinces belges ne sont donc que des circonscriptions ne correspondant plus à aucune réalité historique. Simples cadres créés en vue du fonctionnement de l’État, elles ne répondent qu’à des nécessités administratives. Le gouverneur placé au chef-lieu de chacune d’elles est une sorte de préfet, et le Conseil provincial aussi bien que la Députation permanente qui gère les intérêts provinciaux en dehors des sessions, ne possède que des attributions restreintes et un droit de contrôle sur les administrations communales, lequel, en fait, ne s’exerce guère qu’à l’égard des communes rurales. Dans ce domaine, la tradition nationale, qui se perpétue dans le domaine communal, s’est complètement évanouie. La conception de l’État unitaire l’avait si complètement emporté lors de la Révolution que, ni au sein du Congrès, ni au sein des Chambres, aucune voix ne s’éleva en faveur du retour à un passé aboli. À tout prendre, les institutions provinciales créées par la loi de 1836, ne sont guère autre chose que les intermédiaires par lesquels les 2.500 communes du pays se rattachent au pouvoir central.

À l’envisager d’un coup d’œil d’ensemble, l’activité législative des Chambres de 1833 à 1839, telle qu’elle se manifeste par les lois organiques, n’est que la continuation et pour ainsi dire le complément de celle du Congrès. En un point essentiel cependant, elle a fait preuve d’une initiative aussi hardie en son genre que la constitution l’avait été dans le sien. Rien n’a plus efficacement déterminé l’avenir économique du pays que le vote de la loi de 1834 ordonnant la construction d’un réseau de chemins de fer appartenant à l’État et exploité par lui.

Sans doute, les avantages du nouveau moyen de locomotion inauguré en Angleterre dès 1825 avaient de bonne heure attiré l’attention des industriels et des hommes politiques. Il avait été question déjà en 1829 parmi les métallurgistes liégeois, de l’établissement d’une ligne ferrée unissant la Meuse à