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dernière, c’est donc du cens qu’il fit dépendre exclusivement le droit électoral[1]. Au reste, en l’abaissant au profit des campagnes, il le rendit plus facilement accessible. De 46,000 qu’il avait été en 1830, le nombre des électeurs avait passé à 55,000 au mois de septembre 1831. Comme pour le Congrès, aucune condition de fortune n’était exigée des membres de la Chambre des Représentants, qui recevaient une indemnité de 200 florins pendant les sessions. En revanche, l’obligation imposée à ceux du Sénat de payer 1000 florins d’impôts directs, réduisait le nombre des éligibles à six ou sept cents personnes, pour la plupart grands propriétaires fonciers appartenant à la noblesse. Ainsi, les deux Chambres du Parlement différaient uniquement par le degré de la fortune de leurs membres. La moyenne dominait dans la première, la grande dans la seconde.

Si la noblesse fournissait presque exlusivement le Sénat, ce n’était là qu’une conséquence de sa richesse. Jamais Parlement n’avait été et ne fut plus strictement censitaire que le Parlement belge. Le grand nombre des fonctionnaires qui siégeaient dans la Chambre des Représentants n’y siégeaient point en vertu de leurs fonctions. Elles n’avaient fait que les recommander au choix des électeurs.

L’originalité du Congrès avait consisté dans l’absence des partis. Ce fut aussi celle des Chambres de 1831. Non point sans doute qu’il ait existé au sein du corps électoral une impossible communauté d’opinions. Le contraste de celles-ci était au contraire très tranché. Ce n’est pas l’unanimité, c’est l’union des citoyens qui les empêcha d’entrer en conflit. Il arriva très souvent que les choix des électeurs furent déterminés par les convictions catholiques ou libérales des candidats. Mais ce fut là simple affaire de propensions individuelles. On ne voit pas ni que les élus se soient réclamés d’un programme de parti, ni que les électeurs leur aient donné mandat d’en défendre un. Tout ce qu’on leur demandait, c’était une adhésion sans réserves à la constitution et à l’indépendance

  1. Voy. les discours prononcés au Congrès à cette occasion dans Huyttens, Discussions, t. II, p. 28 et suiv. Cf. Lebeau, Souvenirs, p. 62.