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Le Lyncx d’Anvers, qui comptait 170 membres en 1833, n’en conservait qu’une vingtaine en 1837. À cette date, le plus important des journaux du parti, Le Messager de Gand, n’avait pas plus de 600 abonnés, et son rédacteur en chef Lebrocquy reconnaissait que décidément « nous avions contre nous le peuple, cet élément indispensable des révolutions et des contre-révolutions modernes »[1].

L’assaut suprême que les Orangistes, alliés aux républicains, risquèrent à la faveur de la crise de 1839, devait échouer comme toutes les tentatives des partis qui ne comptent plus pour se sauver que sur l’anarchie. Vainement ils essayèrent de pousser la garnison de Bruxelles contre les Chambres, vainement ils secondèrent la propagande de Bartels parmi les restes de la démocratie catholique, vainement ils soutinrent les efforts de Jacob Kats au sein des meetings ouvriers réunis par lui à Gand et à Bruxelles. Tout cela n’aboutit qu’à la condamnation des deux agitateurs, délaissés dans la défaite par ceux qui les avaient poussés en avant[2].

Désormais, si l’orangisme végète encore pendant quelques années, il cesse de compter comme facteur politique. Ses derniers adhérents ne lui restent plus fidèles que par point d’honneur. À partir du règne de Guillaume II, le gouvernement de La Haye, convaincu enfin de leur impuissance, leur retire son appui[3]. L’Angleterre d’ailleurs poussait le roi à les abandonner. Le dernier de leurs complots, qu’ils machinèrent en 1841, l’affaire des paniers percés, sombra dans le ridicule[4]. Ils reçurent encore de La Haye, en 1842, une somme de 13,800 florins qui furent répartis entre les agents

  1. Lebrocquy, op. cit., pp. 39, 49.
  2. Lebrocquy, op. cit., p. 68 et suiv. ; Gedenkstukken, loc. cit., t. V, p. 683 et suiv.
  3. Gedenkstukken, loc. cit., t. III, p. 664.
  4. Sur ce complot voy. les Mémoires d’ailleurs suspects de Van der Meere, p. 328 et suiv. (Bruxelles, 1880) ; Falck, Gedenkschriften, p. 687 et suiv. D’après le ministre sarde à Bruxelles, Guillaume II y aurait pris part personnellement. Buraggi, etc., op. cit., p. 121. C’était aussi l’opinion des ministres anglais, cf. A. De Ridder dans Revue catholique des idées et des faits, 5 décembre 1930, p. 17 et suiv.