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tions de La Haye et aux contributions volontaires des plus grands industriels du pays, ils lui font déployer de 1830 à 1838, une activité fougueuse. La défection de Lord Ponsonby en juillet 1831 ne les a pas découragés. Convaincus de l’incapacité du gouvernement belge, ils ne cesseront pas de tramer contre lui des complots militaires. Il n’a pas tenu à eux qu’une insurrection armée n’éclatât au moment de l’inauguration de Léopold Ier. John Cockerill promettait d’acheter le général Daine et se disait sûr de provoquer un soulèvement à Liège. Un peu plus tard, au mois de novembre, il était de nouveau question de mouvements qui eussent éclaté en même temps dans cette ville ainsi qu’à Gand et à Bruxelles, et auxquels le général van der Smissen avait assuré son concours[1]. À Gand, l’audace des Orangistes était si grande qu’il fallut mettre la ville en une sorte d’état de siège du mois d’octobre 1831 au mois de mars 1833.

Un comité central de vingt membres, organisé à Bruxelles sous la présidence de Dotrenge et d’un ancien ministre belge de Guillaume, van Gobbelschroij, dirigeait l’action du parti et correspondait avec des comités provinciaux. Quatre mille florins étaient mis mensuellement par le cabinet de La Haye au service de la propagande[2]. On achetait des journalistes français dont le plus connu, le trop fameux Teste, devait en 1847, après avoir été ministre de Louis-Philippe, finir dans un scandale retentissant[3] ; on subventionnait quantité d’agents, au premier rang desquels figura jusqu’au bout le Liégeois Ernest Grégoire, l’auteur du coup de main malheureux qu’avaient fait échouer jadis les pompiers gantois[4]. Des chansons

  1. Sur ces machinations, voy. de curieux détails dans Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, pp. 525 et suiv., 587 et suiv. Pour l’attitude de John Cockerill qui jusqu’en 1833 considéra la cause du roi comme « sa religion », voy. Ibid., t. V, pp. 3, 33, 37, 95, 202, 237. À côté de lui, les Orban, les Macors, les Crassier et les Rossius soutenaient également à Liège la cause orangiste.
  2. Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, p. 578, V, p. 166.
  3. Il aurait demandé 150.000 florins à Guillaume pour se vendre à lui. Ibid., t. V, p. 35. Cf. pp. 64, 134.
  4. Voy. plus haut, p. 17 — Sur Grégoire voy. A. De Ridder, La crise de 1848, t. I, p. 330. Pour se rendre compte de son activité, il suffit de parcourir le t. V des Gedenkstukken qui fourmille de ses lettres au ministre de l’Intérieur hollandais van Doorn, jusqu’en 1844.