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souveraineté de la Belgique fussent déclarées intactes, il n’en apparaissait pas moins qu’on entendait restreindre l’une et l’autre par défiance de la France. Pour Léopold c’était une humiliation. Il se résigna à y consentir (14 décembre 1831). Au reste tout cela resta lettre morte. Le pays ne devait plus connaître de guerre avant 1914, et les progrès de l’art militaire rendirent bientôt les vieilles forteresses complètement inutiles. Personne ne protesta quand, en 1860, le gouvernement les fit jeter bas, lors de l’exécution d’un nouveau système de défense nationale appuyé sur Anvers[1].

Pour enlever à Léopold son caractère exclusivement anglais, il avait été entendu entre les cabinets de Londres et de Paris, qu’il épouserait une princesse française. Son mariage avec la fille aînée de Louis-Philippe, Louise-Marie d’Orléans, fut célébré en grande pompe à Compiègne, le 9 août 1832, dernière et suprême affirmation de l’entente franco-anglaise qui avait imposé aux Puissances absolutistes l’indépendance de la Belgique.

Elle n’était pas de nature à diminuer leur mauvaise humeur et elles ne se firent pas faute de la manifester. L’occupation de la citadelle de Luxembourg par des troupes prussiennes, au nom de la Confédération germanique, fit naître, entre le général commandant la place et les autorités belges qui occupaient le reste du territoire, des incidents assez vifs. Le drapeau belge fut abattu dans plusieurs communes ; en 1832, le gouverneur de la province fut enlevé par des bandes à l’instigation de Saxe-Weimar. En 1835, un conflit plus grave surgit de la prétention émise par le gouvernement de Berlin d’empêcher la construction d’une ligne de défense contre la Hollande, entre Anvers et Hasselt. Grâce à l’intervention de la France et de l’Angleterre toutes ces brimades firent plus de bruit que de mal[2].

  1. F. De Lannoy, La convention des forteresses de 1831. (Revue Générale. 15 mars 1925). Cf. K. Hampe, Das belgische Bollwerk (Berlin 1918).
  2. L. Verhulst, L’enlèvement du gouverneur du Luxembourg J. B. Thorn à Schoenfelz. (Revue Générale, 1913) ; A. De Ridder, La Belgique et la Prusse en conflit, 1834-1838 (Bruxelles, 1919).