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quelle, moyennant la cessation de l’embargo sur ses navires et la remise en liberté de la garnison d’Anvers, il s’engageait à ne point rouvrir les hostilités contre la Belgique et à laisser l’Escaut entièrement libre « aussi longtemps que les relations entre la Hollande et la Belgique ne seront pas réglées par un traité définitif ». Cet arrangement ne mettait pas le gouvernement belge en possession des forts de Lillo et de Liefkenshoek. Mais par cela même, il lui permettait de continuer à occuper le Luxembourg et le Limbourg. La compensation était trop belle pour n’être pas saisie avec empressement. La situation provisoire qu’elle établissait donnait aux Belges toutes les satisfactions auxquelles l’application des XXIV articles les eût obligés de renoncer. On ne peut supposer que Guillaume ait consenti de tels avantages à ses adversaires pour le vain plaisir de ne pas leur rendre deux petits forts inutiles. Mais buté à sa résolution de ne pas traiter avec eux, il ne pouvait en outre se résigner à croire qu’ils parviendraient à durer. Il les voyait destinés à l’anarchie et à revenir tôt ou tard sous sa couronne. En attendant, il était bien résolu à soutenir plus que jamais les manœuvres des Orangistes. Et qui sait d’ailleurs si une guerre générale ne finirait pas par éclater et par justifier son attitude ?

Entre la France et l’Angleterre qui l’avaient si efficacement soutenue, la Belgique se trouvait dans une position très délicate. Il fallait se garder de donner prise au soupçon de pencher vers l’une au détriment de l’autre, et les susceptibilités contradictoires de Londres et de Paris rendaient la tâche assez malaisée. La promesse faite par Léopold à Louis-Philippe de démolir un certain nombre des forteresses bâties en 1815 avait irrité Palmerston aussi bien que les cabinets de Berlin, de Vienne et de Pétersbourg. Le 15 novembre, le jour même de la signature des XXIV articles, une convention, d’où la France était exclue, était présentée à van de Weyer. Elle limitait la démolition aux ouvrages de Menin, d’Ath, de Mons, de Philippeville et de Mariembourg. Un article secret substituait le roi des Belges au roi des Pays-Bas dans l’obligation de laisser, en cas de guerre, les troupes des Puissances contractantes occuper les forteresses conservées. Quoique la neutralité et la