l’excuser. S’il y eut de nombreux actes de bravoure individuelle, la faiblesse de la résistance fut telle que la marche des vainqueurs ressembla presque à une promenade militaire. Le nombre des tués et des blessés, respectivement 112 et 457 du côté hollandais, 91 et 453 du côté belge, reste bien en dessous de celui des journées de septembre.
Du moins la campagne fournit-elle la preuve que le pays ne voulait ni d’une restauration orangiste, ni d’une annexion française. Le prince d’Orange s’attendait à voir les populations acclamer ses troupes : elles les virent passer en silence[1]. Les complicités achetées sur lesquelles il comptait ne parvinrent à provoquer aucun mouvement. Il n’y en eut pas davantage sur le passage du maréchal Gérard. Et cette persistance du sentiment national au milieu de la défaite, n’en est que plus caractéristique.
En arrêtant les troupes hollandaises, la France n’avait agi qu’en mandataire de l’Europe. Mais si Louis-Philippe ne pouvait songer et ne songeait pas à conserver la Belgique, il était ravi d’autre part du facile succès que ses armes venaient de remporter. Palmerston enrageait de voir Léopold, à peine débarqué de Londres, faire figure devant l’Europe de protégé du roi des Français. Dans sa malveillance il allait jusqu’à soupçonner le cabinet de Paris, d’avoir provoqué l’attaque de Guillaume[2]. Il était prêt à tout pour l’empêcher de tirer parti d’une intervention que les circonstances l’avait obligé à tolérer. Soutenu par l’opinion britannique, il déclarait le 15 août au Parlement que la guerre éclaterait, si les Français n’évacuaient promptement la Belgique. L’armistice conclu par Gérard le 29 avec la Hollande, ne laissait plus de prétextes pour prolonger l’occupation. Louis-Philippe le rappela en septembre. Il dut renoncer à l’espoir de faire démolir une partie au moins de la barrière des forteresses construites en 1815 sur l’ordre de l’Europe, par le roi des Pays-Bas. Il fallut se contenter là dessus, d’une promesse de Léopold. Mais il res-