Palmerston de consentir à une transaction. Pour en finir, celui-ci obtint, le 21 mai, l’envoi à Bruxelles d’un nouveau protocole « promettant d’entamer avec le roi des Pays-Bas une négociation dont le but sera d’assurer, s’il est possible à la Belgique, moyennant de justes compensations, la possession du Luxembourg ». Ainsi la Conférence revenait sur ses arrangements irrévocables, comme Joseph II, en 1787, était revenu sur ses « préalables indispensables »[1]. C’était un succès pour le Congrès. Il ne l’accueillit que par une explosion de fureur.
Plutôt la guerre que consentir à capituler devant la Hollande. Acheter le Luxembourg et renoncer au Limbourg dont les habitants avaient participé avec enthousiasme à la Révolution, c’était accepter de vendre des frères et fouler aux pieds les droits sacrés du peuple. Voilà donc la condition mise à l’obtention d’un roi ! À ce prix la monarchie était trop chère. Les républicains triomphaient et, appuyés par l’indignation générale, entraînaient derrière eux l’opinion publique. Les Orangistes, enchantés de ce déchaînement de fureur, faisaient chorus en vue de prolonger l’anarchie avec le dessein d’en profiter. De Paris, les ennemis de Louis-Philippe et de Casimir Périer applaudissaient et excitaient le mouvement. De Potter, Lafayette, Mauguin, Lamarque poussaient les Belges à la république. Les francophiles s’affichaient ouvertement. À Liège, à Verviers, à Namur, des drapeaux français étaient arborés[2].
Au Congrès cependant, les modérés s’évertuaient à trouver une solution. J.-B. Nothomb parvint à obtenir de ses collègues l’élection provisoire de Léopold et leur adhésion à des arrangements financiers avec Guillaume. Il était entendu que l’élection serait nulle au cas où le roi consentirait à des sacrifices territoriaux. On gagnait donc du temps, mais on ne gagnait que cela. Rien n’était tranché. La situation paraissait inextricable et désespérée. Le roi de Hollande insistait à Londres pour l’exécution de l’ultimatum du 10 mai, et la Conférence