Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gique après les journées de septembre, commençaient à se dégoûter d’un régime qui favorisait les volontaires à leur détriment et ils se laissaient facilement séduire par les promesses dorées dont on les tentait. Il n’était pas jusqu’aux républicains, déçus par leur échec au Congrès, qui ne se montrassent favorables au mouvement, espérant que le désordre qui en résulterait leur fournirait peut-être l’occasion d’une revanche. Les Orangistes comptaient aussi sur plusieurs membres des Conseils provinciaux qui, élus avant 1830, demeuraient secrètement fidèles à l’ancienne dynastie[1].

Dans le courant de janvier, un complot était en pleine organisation. Pendant que les journaux subventionnés par La Haye : Le Messager, à Gand, Le Journal du Commerce, à Anvers, Le Lynx, à Bruxelles, L’Industrie et L’Écho, à Liège, faisaient rage contre le Congrès et le Gouvernement provisoire, pendant que le pays et l’étranger étaient inondés de brochures, pendant que des agents secrets, pour gagner les masses, semaient de l’argent et dégageaient les dépôts des ouvriers aux monts-de-piété[2], on préparait presque ouvertement un coup de force en faveur de la restauration. Il s’agissait de s’emparer de Gand, de provoquer des mouvements à Louvain et à Anvers, d’envahir la salle des séances du Congrès, de le dissoudre et de proclamer le prince d’Orange lieutenant-général du royaume. Une Commission de gouvernement où se trouvaient Dotrenge, le marquis de Trazegnies et quelques autres était prête à prendre le pouvoir. Déjà les discours à prononcer à cette occasion étaient rédigés[3].

Ce beau plan devait lamentablement échouer. Le parti orangiste s’était figuré, comme il arrive si souvent aux conservateurs, qu’il suffisait d’acheter quelques comparses pour réussir. Il ne se rendait aucun compte de la vigueur du sentiment national. Le 2 février 1831, si les bandes d’Ernest

  1. Huyttens, Discussions, t. III, p. 115.
  2. Gedenkstulcicen, loc. cit., t. IV, p. 424.
  3. Voyez les très intéressants détails fournis par les Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, pp. 423 et suiv., 434, 474. Cf. C. Buffin, Documents inédits sur la Révolution belge (Bruxelles, 1910), t. I, p. 316, t. II, p. 372.