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On y lisait que « le souverain de ce pays (la Belgique) doit nécessairement répondre au principe d’existence du pays lui-même, satisfaire par sa position personnelle à la sûreté des États voisins, accepter à cet effet les arrangements consignés au présent protocole et se trouver à même d’en assurer aux Belges la paisible jouissance ». On ne pouvait dire en termes plus clairs que la Conférence se réservait d’intervenir dans le choix du prince que les Belges se donneraient et subordonner plus nettement leur souveraineté nationale aux convenances de l’Europe.

Cette question du souverain était sans contredit la plus épineuse de toutes celles que la Révolution avait fait surgir. Le Congrès l’avait encore compliquée en excluant du trône la maison d’Orange-Nassau. Il avait voulu ainsi rendre impossible toute combinaison qui eût donné la couronne de Belgique soit à Guillaume, soit à son fils le prince d’Orange. Et c’était là une nouvelle provocation aux Puissances. Car on n’ignorait pas à Bruxelles que tous les cabinets, y compris celui de Paris, envisageaient un replâtrage de cette sorte comme le meilleur moyen de se tirer d’affaire[1]. Le 22 novembre 1830, Louis-Philippe était intervenu auprès du Congrès pour le détourner de voter la déchéance de la dynastie. On avait passé outre sans hésiter.

Mais si l’on s’était trouvé d’accord pour repousser l’ancien souverain, il était beaucoup plus malaisé de s’entendre sur le nouveau. Choisir un Belge, solution qui eût peut-être contenté les Puissances, il n’y fallait pas songer. Seul le comte de Mérode eût été possible et il ne voulait pas entendre parler de sa candidature. Le prince Frédéric de Salm, dont la famille descendait par les femmes des maisons de Hornes et de Lalaing, essaya de se mettre en avant et fit pétitionner en sa faveur des paysans de la province d’Anvers sans parvenir à se faire prendre au sérieux[2].

  1. Gedenkstukken, loc. cit., t. II, p. 69.
  2. Huyttens, Discussions du Congrès national, t. I, p. 645, t. II. pp. 20, 195. Il fut encore question dans le public des candidatures d’Achille Murat, fils de l’ex-roi de Naples, du duc de Lucques, de Gustave de Suède et du roi de Saxe.