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duché de Luxembourg « qui, possédé à titre différent par les princes de la maison d’Orange-Nassau, fait et continuera à faire partie de la Confédération germanique ». Quant à la Flandre Zélandaise, ancienne possession des Provinces-Unies, elle était naturellement refusée aux Belges. La liquidation des dettes du ci-devant royaume était établie sur le pied de 15/31 pour la Hollande et de 16/31 pour la Belgique. En revanche, les Belges jouiraient de la navigation et du commerce dans les colonies hollandaises, avec les mêmes droits et les mêmes avantages que les habitants de la Hollande.

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire après sa protestation contre le protocole du 20 décembre, Guillaume fit savoir à la Conférence (18 février), qu’il donnait « une adhésion pleine et entière à tous les articles des bases destinées à établir la séparation de la Belgique d’avec la Hollande ». Ce n’était pas malhabile. Il pouvait espérer, en effet, être appelé à régner sur les deux États taillés dans son royaume et à ses yeux, on l’a déjà dit, c’était là le point essentiel. Peut-être d’ailleurs escomptait-il aussi les avantages que lui procurerait sa déférence, contrastant avec l’intransigeance des Belges.

Car, dès le 1er février, le Congrès avait solennellement revendiqué pour lui seul le droit de résoudre toutes les questions touchant l’indépendance et la configuration du pays. Se liant les mains à l’avance, il déclarait « qu’il n’abdiquerait dans aucun cas en faveur de cabinets étrangers l’exercice de la souveraineté que la nation belge lui a confiée ; qu’il ne se soumettrait jamais à une décision qui détruirait l’intégrité du territoire et mutilait la représentation nationale ; qu’il réclamerait toujours, de la part des Puissances étrangères, le principe de non-intervention ». Il n’hésitait donc pas à braver l’Europe. Sa confiance en lui-même s’augmentait de son espoir d’être, en cas de conflit, soutenu par la France qui, conformément à sa politique ondoyante, s’abstenait provisoirement d’adhérer aux bases de séparation, sans pourtant les rejeter.

L’indignation du Congrès s’explique encore par les exigences ultérieures que le protocole du 20 janvier laissait entrevoir.