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Quant à la méthode, ce volume ne diffère en rien des précédents. Mon unique but a été de chercher à comprendre et à expliquer. Cela revient à dire que j’ai fait effort en exposant les luttes de partis qui tiennent tant de place dans ce livre, pour les considérer en simple observateur, soucieux seulement de se rendre compte des idées, des tendances et des intérêts qu’elles mirent aux prises.

Il est sans doute inutile d’ajouter que l’histoire politique ne se présente ici que dans l’ambiance morale, économique et sociale dont elle est inséparable. Au fond, les partis ne sont que la projection sur l’écran parlementaire des grands mouvements qui agitent une nation. Les sources d’énergie auxquelles ils s’alimentent coulent d’ailleurs trop largement pour qu’ils puissent les épuiser. Que de problèmes qui les dépassent ou les dominent ! Les questions débattues dans les Chambres, c’est le pays qui les pose, et c’est donc lui qu’il convient d’étudier si l’on veut en apprécier la portée.

Au surplus, le développement de la vie sociale dans un pays aussi « congestionné » que la Belgique fournit un spectacle tel qu’il en est peu d’aussi instructifs et par moments d’aussi passionnants. Il faut remonter jusqu’au xvie siècle pour retrouver une activité comparable à celle dont il a donné l’exemple de 1830 à 1914. Comme à toutes les époques de son passé, la paix, au lieu de l’engourdir, a exalté sa force de travail et de même qu’il n’avait jamais joui d’une sécurité aussi longue, jamais non plus il n’a déployé une vitalité plus exubérante.

À tout prendre, l’histoire de cette période est une belle histoire. Elle l’est par le nombre et l’importance des problèmes qui l’ont agitée, par l’énergie qui l’a soutenue, par la