Belgique moderne soit séparée du cours de l’Escaut, fleuve nourricier d’Anvers, par l’interposition de l’étroite bande de terre de la Flandre Zélandaise, laquelle n’est au surplus que le prolongement naturel des Flandres. Cette situation se justifie pourtant par l’histoire. Elle s’explique par la déplorable faiblesse qui a contraint les rois d’Espagne au xviie siècle, de céder à la République des Provinces-Unies ce territoire dont elle assimila la population après l’avoir conquis. Si nécessaire qu’elle soit à la Belgique, si naturellement qu’elle se rattache à son sol, la Flandre Zélandaise n’en était pas moins, en 1839, une possession séculaire et légitime qu’il était impossible d’enlever à la Hollande, héritière de la République. Le passé a pesé ici de tout son poids sur le présent, et le droit historique l’a emporté, si l’on peut ainsi dire, sur le droit naturel. La Hollande a continué de bénéficier des victoires de Maurice et de Frédéric-Henri de Nassau, comme la Belgique de pâtir des défaites de Philippe IV[1].
Tout au rebours, les frontières du côté de l’Est ont reçu leur dessin des traités de 1839. L’ancien Limbourg a été coupé en deux suivant une ligne partant du point le plus méridional du Brabant hollandais, pour atteindre la Meuse, en avant de Wessem, suivre ensuite le fleuve jusqu’à Maestricht, puis, s’en écarter en contournant cette ville de manière à la laisser à la Hollande. Dans le Luxembourg, c’est la langue des habitants qui a été prise comme principe de séparation. Sauf quelques villages allemands des environs d’Arlon, la région wallonne a été cédée à la Belgique à l’Ouest de la ligne Athus, Tintange, Gouvy. La région allemande de l’Est constitue depuis lors le Grand-Duché de Luxembourg. Du côté de la France seulement, la configuration a conservé exactement le tracé qu’elle avait reçu lors de la formation, en 1815, du royaume des Pays-Bas[2].
Si l’on tient compte des droits de la Hollande et de ceux de la Confédération germanique qu’il était impossible de violer