même temps une littérature officielle. Elle célèbre à l’envi les vertus du roi, la gloire de son règne, l’illustration de sa maison, la naissance des fils du prince d’Orange ou la bataille de Waterloo[1].
Le mouvement scientifique n’est pas beaucoup plus encourageant que le mouvement littéraire. La reconstitution de l’Académie en 1816 n’eut guère pour effet que de fournir à quelques vieillards, survivants du régime autrichien, l’occasion de lire devant leurs confrères des mémoires d’une érudition désuète restée fidèle aux méthodes du XVIIIe siècle. Des étonnants progrès que la critique historique et la critique philologique réalisaient en ce temps là même en Allemagne, ils ont tout ignoré. Ni les Raepsaet (1750-1832), ni les Martin de Bast (1753-1825), ni les van Hulthem (1764-1832) ne se sont élevés au-dessus du niveau d’honnêtes antiquaires ou de savants bibliophiles. L’influence de la France, la seule qu’éprouvât le pays, donna plus d’élan aux sciences naturelles et mathématiques. Il suffit de citer les noms de Dandelin, de Cauchy et surtout de Quetelet pour l’attester et faire prévoir ce que leur réservait l’avenir.
Les universités, on l’a déjà vu, n’exercèrent point l’action à laquelle la valeur de plusieurs de leurs maîtres semblait les destiner. Dès l’abord, elles eurent à souffrir des préventions du clergé et de l’opposition de plus en plus accentuée qui se prononça contre le gouvernement. La nationalité de beaucoup de leurs professeurs, Allemands ou Hollandais, les rendaient suspects aux étudiants. Très rares d’ailleurs furent ceux qui, comme Kinker à Liège, comme Schrant ou Thorbeck à Gand, cherchèrent à agir sur leurs élèves. Pour la plupart, ils se contentèrent de dicter leurs cours, d’autant moins attrayants que, conformément à la tradition hollandaise, ils étaient débités en langue latine, ou ils se confinèrent dans leurs travaux personnels. Leur influence scientifique sur la nation fut aussi nulle que leur influence morale et politique. Il semble que parmi
- ↑ F. Masoin, Histoire de la littérature française en Belgique de 1815 à 1830. Mém. in-8o, de l’Acad. Roy. de Belgique, t. LXII [1902].