l’idole universelle »[1], et jusqu’en 1830, le cri de Vive de Potter devait rallier en une même action les partis et les classes sociales, les libéraux comme les catholiques, le peuple comme la bourgeoisie[2].
Depuis son avènement aucune opposition n’avait réussi ni à enlever au roi sa confiance en lui-même ni moins encore à le faire dévier de la conduite qu’il s’était tracée. Mais l’unanimité et la violence d’un mouvement auquel il ne s’était pas attendu, déconcertèrent son esprit positif et réaliste. Il était incapable de comprendre ce qu’il y a d’instinctif et de passionné dans une agitation populaire. Il cherchait à se l’expliquer sans y parvenir et son incertitude ébranlait son assurance habituelle. Il s’imagina certainement que le gouvernement français n’était pas étranger à des événements si extraordinaires. Les projets élaborés en 1829 dans l’entourage de Charles X pour amener la Prusse et la Russie à un remaniement des traités de 1815, dont le royaume des Pays-Bas eût fait les frais, semblaient justifier ses soupçons. Le ton de la presse parisienne l’inquiétait ; il savait que des brochures prônant l’union de la Belgique à la France se répandaient dans les provinces du Sud[3], et il n’en fallait pas davantage pour l’incliner à croire que, sous prétexte de réformes, les agitateurs dissimulaient une campagne annexionniste.
Il pouvait se le figurer avec d’autant plus de vraisemblance, qu’à ses yeux c’était conspirer contre l’État que de vouloir lui imposer des institutions parlementaires. Fait comme il l’était, le royaume ne pouvait subsister qu’à la condition d’obéir à l’action directe du souverain. L’abandonner au vote d’une assemblée, accepter la responsabilité des ministres et renoncer à conserver la haute main sur l’administration, c’était à bref délai le conduire à la ruine. Car il était évident que les Belges et les Hollandais s’opposeraient les uns aux autres du jour où la main du roi cesserait de leur imposer cet « amalgame » qui