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CHAPITRE IV

LES PARTIS ET LE GOUVERNEMENT

I

Au sortir de la crise de 1815-1820, le réveil de l’industrie avait eu pour conséquence d’incliner peu à peu vers Guillaume la bourgeoisie belge. Les catholiques lui savaient autant de gré que les libéraux de la sollicitude qu’il témoignait aux intérêts matériels. Au lieu de le railler, comme faisait la noblesse, de ce qu’il engageait sa propre fortune dans les spéculations et les entreprises et s’enrichissait lui-même en même temps que ses sujets, les gens d’affaires lui étaient reconnaissants d’une conduite qui non seulement affermissait leur confiance dans l’avenir, mais qui établissait encore une sorte de solidarité entre eux et le roi. La bienfaisance de son gouvernement personnel en matière économique rendait bien difficile de le combattre ouvertement sur les autres terrains. Malgré leurs griefs, les catholiques n’avaient pas osé entrer avec lui en lutte ouverte. La classe possédante ne pouvait rompre avec un souverain si attaché à l’augmentation de la richesse publique et si complètement d’accord avec elle sur la nécessité de conserver à l’État le caractère censitaire que lui avait conféré la Loi fondamentale.

Mais si les progrès constants de la prospérité de la Belgique