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L’INSTALLATION DU RÉGIME

propagande hollandaise Tot Nut van ’t Algemeen[1].

Le roi trouva sans doute dans cette agitation une occasion favorable de reprendre avec Rome les négociations entreprises dès 1822 en vue d’un concordat. Confiées cette fois à un catholique, le comte de Celles, elles aboutirent enfin, après de longs pourparlers, le 25 juillet 1827[2]. Le statut qu’elles étendaient à tout le royaume comblait le vœu de la papauté de rattacher directement à son autorité les catholiques de Hollande. Il établissait des diocèses à Amsterdam, à Bois-le-Duc et à Utrecht dans le Nord. Dans le Sud, il relevait le siège de Bruges supprimé en 1801, à côté de ceux de Liège, de Tournai, de Namur et de Gand. D’aussi précieux avantages avaient amené Léon XII à céder au roi une large part d’intervention dans les élections épiscopales. Le Concordat lui reconnaissait le droit de se faire soumettre par les chapitres la liste des candidats et d’en écarter les noms qu’il ne désirerait pas y voir figurer. Après leur institution canonique, les élus auraient à lui prêter serment de fidélité. Les ecclésiastiques de rang inférieur prêteraient le même serment devant les autorités qu’il désignerait à cette fin. En revanche, conformément aux principes universellement admis, chaque diocèse posséderait son séminaire placé sous la direction de l’évêque.

Le pape crut que l’acceptation du Concordat, abolissait implicitement le Collège philosophique. Du moins en exprima-t-il la conviction dans le discours plein d’effusions de reconnaissance, qu’il prononça le 17 septembre devant le Consistoire. Il devait être bientôt détrompé. Soit que la joie manifestée par les catholiques lui ait porté ombrage, soit qu’il ait craint le mécontentement des libéraux et des calvinistes, soit qu’enfin il n’ait pu se résigner à une concession cruelle à son amour-propre, Guillaume adressait, le 5 octobre, aux gouverneurs des provinces une circulaire déclarant que le Concordat ne serait appliqué « qu’avec les réserves que les lois exigent…, que rien

  1. Gedenkstukken 1825-1830, t. II, p. 89 ; P. Claeys, Mémorial de la ville de Gand, p. 481.
  2. Sur la négociation du Concordat, voy. Terlinden, op. cit., t. II, p. 60 et suiv.