Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
LES ORIGINES DE L’UNION BELGO-HOLLANDAISE

Au reste, la facile victoire des Autrichiens sur les troupes du Congrès avaient remis les choses en état et interrompu les pourparlers ébauchés. Mais les événements ne tardèrent pas à ramener l’attention sur une idée que la situation internationale devait naturellement réveiller dans la mémoire des diplomates. L’Autriche laissait trop clairement apparaître sa tiédeur à l’égard des Pays-Bas pour que l’on pût encore espérer les confier à sa garde après les avoir enlevés à la France. Il fallait donc les assigner à un prince qui, par la situation de ses propres États, fût en mesure de les défendre à l’avenir. Guillaume d’Orange était tout désigné au choix des puissances alliées. Il l’était d’autant plus, qu’expulsé par la République batave, il ne comptait que sur elles pour reprendre le pouvoir et que son intérêt le solidarisant à leurs desseins, elles pouvaient sans hésitation augmenter ses forces sans craindre qu’il en abusât. Aussi, lors du traité anglo-russe de 1798, avait-on étudié une vaste opération en vue de reconquérir la Hollande d’abord, la Belgique ensuite, et dont l’aboutissement eût été l’union des deux pays qui, soudés l’un à l’autre, eussent formé bloc contre la France. Lord Granville était tout acquis à cette combinaison[1]. Le pitoyable résultat du débarquement du Helder en 1799 ruina les espoirs que l’on avait échafaudés sur elle. Son seul résultat fut d’aigrir l’Autriche, vexée d’avoir vu ses partenaires disposer d’un pays dont elle ne voulait plus, mais dont elle ne voulait pas qu’on s’occupât sans elle, et d’exciter la défiance du cabinet de Londres contre le prince Guillaume dont les agents secrets avait maladroitement laissé entrevoir une ambition trop impatiente et trop indépendante[2].

Pourtant, on ne devait plus s’écarter de la voie qu’on s’était fixée[3]. En 1803, après la rupture de la paix d’Amiens, on

  1. H. T. Colenbrander, Ontstaan der grondwet, t. II, p. 1 et suiv. Cf. A. Sorel, L’Europe et la Révolution française, t. V, p. 357.
  2. Gedenkstukken 1798-1801, t. I, p. 425.
  3. Voy. Ch. Piot, Les agissements de la politique étrangère en Belgique vers la fin du XVIIIe siècle. Bulletin de la Comm. Royale d’Histoire, 4e série, t. IV [1877], p. 15 et suiv. ; Colenbrander, De Bataafsche Republiek, p. 187 ; Lanzac de Laborie, op. cit., t. I, p. 289.