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NAPOLÉON EN BELGIQUE (1810)

paix de Vienne (14 octobre), en imposant de nouvelles humiliations à l’Autriche, faisait s’évanouir les vagues espoirs qui avaient pu agiter les esprits. La domination française sembla plus que jamais assurée. L’île de Walcheren fut provisoirement rattachée au département de l’Escaut (1er février 1810).

Le vainqueur profita de cette même année 1810 pour se montrer de nouveau aux Belges, pour visiter Anvers, où se continuaient fébrilement les travaux de fortification et la construction de navires de guerre, et pour préparer enfin l’annexion prochaine de la Hollande. Cette fois il était accompagné de Marie-Louise. Peut-être espérait-il, en exhibant sa seconde épouse à la nation, raviver et attirer sur lui ce qui pouvait subsister encore d’attachement à la maison de Habsbourg. S’il fit ce calcul, il se trompa. On profita de la présence de l’impératrice pour lui prodiguer des hommages qui eussent dû s’adresser à l’empereur. Les acclamations qu’elle reçut ne furent qu’une manière de protestation. Les adulations officielles ne purent dissimuler l’absence de l’enthousiasme qui s’était déployé si général et si spontané en 1803, car déjà le sentiment public se reprenait. Le Concordat avait rallié les Belges à Napoléon : le conflit qui, l’année précédente, l’avait mis aux prises avec le pape, commençait à les en détacher.