Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur du combat, et sa mort, qui arriva le lendemain, m’obligèrent à m’éloigner, pour laisser à mes amis le soin d’accommoder cette affaire. Rien n’approche du dépit que j’éprouvai d’être engagé dans une aussi malheureuse affaire pour la seule femme dont je n’avois rien obtenu.

Je sortis de Paris, bien convaincu que la coquette la plus sage est quelquefois plus dangereuse dans la société que la femme la plus perdue. Je me rendis d’abord à Calais, où étoit mon régiment, et, après y avoir arrangé quelques affaires, je passai en Angleterre.

Le vrai mérite des Anglois, avec leur juste critique, seroit la matière d’un ouvrage qui pourroit être agréable et singulier ; pour moi, qui ne parle que des femmes, je continuerai le récit de mes aventures avec elles.

Le duc de Sommerset, que j’avois connu à Paris, me présenta au roi. Ce prince me reçut avec sa bonté naturelle ; j’eus même l’honneur de souper avec lui chez madame de Candale, sa maîtresse. J’allai quelquefois au triste cercle de la cour ; je fus prié à dîner chez toutes les personnes de marque, et je fus fort étonné de voir la maîtresse de la maison et toutes les femmes sortir de table au fruit. Je demeurois avec les hommes à toster, et entendre parler politique. Je fus admis aux conversations des dames, et re-