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vent et mangent par état ; l’occupation de la semaine leur impose la nécessité de rire et d’avoir les jours de fêtes une joie bruyante, éveillée et entretenue par les plus grosses plaisanteries.

Il m’eût été impossible de soutenir ce genre de vie : mon départ pour mon régiment me donna les moyens honnêtes de quitter la bonne madame Pichon. Elle me parut touchée de mon départ ; et je me crus obligé de lui conseiller de ne jamais prendre d’homme du monde. Je lui représentai les avantages et les commodités de vivre avec un homme de son état, qu’elle choisiroit à son gré. Elle me remercia de mes conseils, et convint d’en avoir fait quelquefois la réflexion. Elle me fit promettre, pour la ménager dans son quartier, de la venir voir à mon retour, et je n’y manquai pas. D’ailleurs toutes les femmes avec qui j’ai eu quelqu’intimité, m’ont toujours été chères, et je ne les ai jamais retrouvées sans ressentir un secret plaisir. J’ai mis à profit pour le monde la société de madame Pichon ; je l’ai toujours comparée à une excellente parodie qui jette un ridicule sur une pièce qui a séduit par un faux brillant.

À mon retour du régiment, je comptois bien nouer quelqu’intrigue nouvelle, et quitter décemment madame d’Albi, dont je ne voulois plus essuyer les caprices. J’ignore si elle avoit