Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plaisir d’aimer et celui d’être aimé ne peuvent vous suffire ? Je vous donne un rendez-vous pour épancher nos cœurs dans une plus grande liberté ; le danger auquel je m’expose pour vous avoir ici, ne peut vous convaincre de l’empire que vous avez sur mon cœur ; non, vous ne m’aimez point ; vous voulez séduire ma vertu, pour me confondre avec les autres femmes, et pouvoir me mépriser comme elles. J’employai les caresses et les empressemens pour la rassurer ; je vis qu’elle étoit émue, mais que la pudeur combattoit encore. J’allai fermer les volets, elle ne s’y opposa point, et, revenant à ses genoux, je la trouvai foible et complaisante à tous mes désirs. Je saisis ce moment ; je l’emportai sur un lit de repos, et je devins heureux. Dès que mon bonheur fut confirmé, elle fit éclater des regrets que je pris soin de calmer. J’eus avant le dîner tout le temps, de lui prouver mon amour, et d’éprouver sa tendresse que rien ne contraignoit plus. Notre dîner, servi par un tour, étoit simple, mais excellent : on me traitoit en directeur chéri. Nous repassâmes dans le lieu de nos plaisirs, pour en goûter de nouveaux. L’heure où finit l’office, nous obligea de nous séparer ; mais nous nous retrouvâmes souvent avec les mêmes précautions. La nouveauté de cette aventure avoit mille charmes pour moi. Rien ne ressembloit dans celle-