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je l’étois de sa coquetterie, elle me déclara qu’elle ne pouvoit plus supporter mon humeur, qu’elle avoit pris son parti ; elle me donna mon congé, et je l’acceptai. Dans le dépit où j’étois, je m’emportai contre elle et contre toutes les femmes, en déclamant contre leur infidélité. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’elle n’a jamais pris d’autre amant ; le public l’a toujours regardée comme un caractère fort opposé à la coquetterie ; et elle m’a paru depuis à moi-même mériter le jugement du public. Si j’en jugeois différemment lorsque je vivois avec elle, c’est que j’avois l’esprit gâté par les deux aventures qui m’étoient arrivées en Espagne et en Italie. Je fis une sérieuse réflexion sur les femmes et sur moi-même. Je compris que je ne devois pas chercher à Paris la passion italienne, ni la constance espagnole ; que je devois reprendre les mœurs de ma patrie, et me borner à la galanterie françoise. Je résolus de me conduire sur ce principe, de ne me point attacher, de chercher le plaisir en conservant la liberté de mon cœur, et de me livrer au torrent de la société.

Je ne rapporterai point le détail et toutes les circonstances des intrigues où je me suis trouvé engagé. La plupart commencent et finissent de la même manière. Le hasard forme ces sortes de liaisons ; les amans se prennent parce