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rie, lorsqu’il fut parvenu à un âge plus avancé. Le roi, en vieillissant, se tourna du côté de la dévotion, et dans l’instant toute la cour devint dévote, ou parut l’être. Après sa mort, le tableau changea totalement, et sous la régence on fut dispensé de l’hypocrisie. Le petit nombre de ceux qui étoient véritablement vertueux, restèrent tels qu’ils étoient, et ceux qui avoient joué la vertu, devinrent, en l’abandonnant, plus honnêtes gens qu’ils n’avoient été, puisqu’ils cessèrent d’être hypocrites. Plusieurs furent aussi faux dans le libertinage qu’ils l’avoient été dans la dévotion, et crurent faire leur cour en se livrant aux plaisirs. Ce qu’il y a de sûr, c’est que cela étoit parfaitement indifférent.

Pour moi, qui n’avois point de prétentions, et qui n’étois pas dans l’âge de l’ambition, je suivis mon goût ; mon cœur ne pouvoit pas demeurer oisif, et mon premier soin fut de chercher une femme à qui je pusse m’attacher.

Madame de Sezanne, jeune, belle, bien faite et nouvellement mariée, me parut digne de mon hommage. Je m’attachai auprès d’elle, et lui rendis les soins les plus assidus : heureusement elle n’avoit point d’engagement ; car je n’ai jamais compté un mari pour quelque chose. Madame de Sezanne étoit un caractère franc et sincère : elle reçut mes vœux, et sitôt qu’elle eut pris du