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éternel, et d’un maintien impertinent. Dès notre première entrevue j’avois remarqué dans les politesses excessives qu’il croyoit me faire, une suffisance que j’aurois imaginée être au dernier période, si je n’avois vu quelque temps après madame l’intendante. Ce couple poussoit la morgue et la vanité au dernier excès.

Les agaceries que mon aventure m’attira de la part de l’intendante, me firent changer de conduite, et je résolus de m’y attacher. Je pris le parti de m’en amuser ; et, pour y parvenir, j’eus la méchanceté d’entretenir leur manie : d’ailleurs les troupes ont malheureusement besoin de ces gens-là. Je flattai donc leur orgueil, j’applaudis à leurs ridicules, je disois, en leur parlant d’eux-mêmes, des gens comme eux. Je soutenois que la représentation étoit nécessaire dans la place qu’ils occupoient, et faisoit partie du service du roi. Cette conduite fut très-utile à mon régiment. Il n’étoit que par détachement dans la ville ; le reste étoit répandu dans les villages autour de la place. Le soldat avoit beau faire du désordre, toutes les plaintes du pays n’étoient pas seulement écoutées, et le quartier fut bon ; les bonnes grâces de madame l’intendante, que je parvins à obtenir, le rendirent encore meilleur. J’étois le plus considérable de ceux qui se trouvoient alors à *** ; ainsi elle