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à la vie de garnison ; nous fûmes présentés en corps par un officier, qui lui-même l’avoit été la veille dans toutes les maisons où l’on recevoit les officiers. Nous apprîmes en un moment quelles étoient les femmes que le régiment que nous remplacions, laissoit vacantes. On eut grand soin de me montrer celles qui étoient dévouées à l’état major ; car il est d’usage d’observer en ce cas l’ordre du tableau. Rien n’est, à mon gré, si plaisant que de voir la façon dont on s’examine, et dont on se choisit pendant les premières vingt-quatre heures. Ou parle d’abord beaucoup du régiment qui vient d’être relevé ; les femmes se répandent fort en éloges sur les officiers polis et aimables qui leur ont donné des bals et des fêtes : c’est un moyen pour engager les nouveaux venus à suivre l’exemple de leurs prédécesseurs ; les citations du passé sont un des arts que les femmes de tout état emploient le plus volontiers. Les dames de la garnison qui ont conservé le portrait de leurs amans, ne le portent pas en bracelet : ce sont des grands portraits qui parent ordinairement la salle d’assemblée. Je m’attachai à une madame de Grandcour qui étoit assez jolie, et le lendemain je lui donnai le bal. C’est une déclaration authentique dont l’éclat est nécessaire. Je fus donc bien reçu et aussitôt en charge. Je faisois tous les jours la partie de