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qui me dévoroit. Nous fîmes le siège de Gironne que nous prîmes ; le reste de la campagne se passa, entre M. de Vendôme et M. de Staremberg, à s’observer et se fatiguer mutuellement. On fit venir de nouvelles troupes de France, et l’on y fit repasser quelques-unes de celles qui avoient le plus souffert ; mon régiment fut de ce nombre, et, en arrivant en France, il fut envoyé en quartier de rafraîchissement à ***. Les conférences qui commencèrent alors à Utrecht, donnèrent les premières espérances de la paix. J’aurois pu, dans ces circonstances, demander un congé pour revenir à Paris ; mais j’ai toujours cru qu’on ne devoit guère en faire usage que pour des affaires indispensables, et je n’en avois aucunes : ainsi je demeurai au régiment.

La vie que l’on mène dans la garnison, n’est agréable que pour les subalternes qui n’en connoissent point d’autre ; mais elle est très ennuyeuse pour ceux qui vivent ordinairement à Paris et à la cour ; le ton de la conversation est un mélange de la fadeur provinciale et de la licence des plaisanteries militaires. Ces deux choses, dénuées par elles-mêmes d’agréments, ne peuvent pas produire un tout qui soit amusant. Heureusement, ma maxime a toujours été de me faire à la nécessité, de ne rien trouver mauvais, et de préférer à tout la société présente. Je me livrai donc