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cependant des choses, dans cette lettre, qui ne pouvoient être écrites que par quelqu’un qui me connût par rapport à elle.

Dans cette incertitude, je revins chez moi écrire un billet, dans le dessein d’éclaircir mes doutes ; et le lendemain, à la même heure, je retournai sous la même fenêtre : la jalousie s’ouvrit, on descendit une petite corbeille attachée à un ruban ; je l’ouvris, je n’y trouvai rien, j’y plaçai ma lettre, et la corbeille remonta comme un éclair. J’attendis quelque temps, on ne fit aucun signal, et le jour suivant un nouveau billet tomba à mes pieds. On me marquoit que l’on vouloit s’entretenir avec moi de mes malheurs ; on me prioit encore de me trouver au milieu de la nuit le long des murs du jardin ; on m’indiquoit un pavillon auprès duquel je trouverois une échelle de corde. Je ne doutai point que cette lettre ne fût de Clara. Je me rendis au lieu marqué ; je trouvai ce qu’on m’avoit annoncé ; je montai sur le mur, et, changeant mon échelle de côté, je fus bientôt dans le jardin. J’aperçus une femme couverte d’un voile qui se retira dans les allées d’un bosquet ; je la suivis ; elle s’arrêta sur un banc de gazon. Ma chère Clara, lui dis-je, car ce ne peut être que vous, est-il bien vrai que la marquise ne soit plus ? Ce n’est que pour en parler, ce n’est que pour la pleurer que j’ai pu me