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encore toutes les idées neuves ; le monde ne m’avoit point appris à me parjurer. Madame de Rumigny, à qui je ne cachai point mes remords, prit encore le soin de les calmer : les femmes n’ont point de plus grands ennemis que les femmes.

Madame de Rumigny ne me fit pas languir davantage ; le lendemain elle voulut que j’allasse avec elle à l’opéra en grande loge : j’y consentis, son triomphe étoit le mien. La marquise s’y trouva le même jour ; elle étoit fort parée, et n’y venoit que pour démentir les discours du public : une telle démarche est un coup de partie, le jour qu’on a été quittée ; mais je remarquai son chagrin caché. Cependant elle m’écrivit, elle me courut, et fit tout ce que l’égarement de l’amour malheureux inspire, et fait toujours faire sans succès, enfin, elle se commit encore plus qu’elle n’avoit fait ; mais madame de Rumigny, qui connoissoit trop la conséquence de ces premiers instans, ne me perdoit pas de vue. Je vécus quelque temps avec madame de Rumigny, comme j’avois fait avec madame de Valcourt, et je m’en dégoûtai encore plus promptement. Ma première et ma seconde aventure s’annonçoient pas un caractère fort constant ; on verra dans la suite si je me suis démenti.

Madame de Rumigny commençoit donc à me