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mens, ne sont pas ordinairement les plus clair-voyans. Le baron, sans prendre garde à leur embarras, alla d’abord embrasser son cousin.

Madame de Luz, désirant que le marquis de Saint-Géran prît le parti qu’elle avoit exigé de lui, s’adressa sur-le-champ à M. de Luz : Le marquis, lui dit-elle, venoit ici prendre congé de vous ; il va passer trois mois dans ses terres. Ah ! ah ! dit le baron, quel esprit de retraite, marquis, vient vous saisir, et vous fait subitement abandonner la cour ? Auriez-vous donc des affaires si pressées qui exigeassent votre présence chez vous ? M. de Saint-Géran n’osant ni désavouer ouvertement madame de Luz, ni se résoudre à l’abandonner : Ce ne sont pas, dit-il, précisément des affaires qui m’appellent en province ; mais j’avois quelque dessein d’aller dans mes terres.

Oh bien ! reprit le baron de Luz, puisque vos affaires ne sont pas plus importantes, je compte que vous me les sacrifierez, et que vous nous accompagnerez. J’arrive du Louvre, où le roi m’avoit ordonné de me rendre. Il vient de me donner la lieutenance générale de Bourgogne ; il me l’a annoncé lui-même, et je ne saurois trop me presser de partir, et d’aller, par mes services, mériter ses bontés. Je vais donner ordre aux équipages qui nous sont nécessaires. Comme le