dans vos plaisirs n’en seront peut-être pas dignes, ou du moins il ne dépendra pas de vous de les aimer.
Jugez à présent s’il me convient d’accepter votre main, moi qui ne pourrois être heureuse, si je ne trouvois à la fois dans mon mari et un amant et un ami. C’est de ce dernier titre que je suis le plus flattée. Je ne veux, je ne dois, et je ne puis en prétendre un autre. J’ai eu assez d’intérêt de vous étudier, et le temps de vous connoître. Votre cœur est bon et fidèle ; mais votre esprit est léger, et la dissipation fait le fond de votre caractère. Suivez vos goûts, ayez des maîtresses ; je serai trop flattée de rester votre amie : il est si rare que l’amitié survive ou succède à l’amour ! Que d’autres partagent vos plaisirs ; je jouirai de toute votre confiance. Je n’aurai point de rivale dans mes sentimens, et j’ai trop de délicatesse et de fierté pour vous partager avec qui que ce soit. Tant que j’ai espéré de vous ramener, j’ai paru aveugle sur vos écarts ; la persuasion où vous étiez de paroître innocent à mes yeux, vous laissoit la liberté de cesser d’être coupable. Une pareille conduite de ma part ne vous imposeroit plus, et ne serviroit qu’à m’avilir.
Je fus si frappé de la sagesse du discours de madame de Selve, que tout mon amour se ral-