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vie est de la passer avec une femme qui justifie votre goût par ses sentimens, c’est le comble du malheur d’être dans un esclavage honteux, asservi aux caprices de ces femmes qui désunissent les amis, et portent le trouble dans les familles. Les exemples n’en sont que trop communs dans Paris.

Les intrigues où j’étois engagé pour mon compte, m’empêchèrent de songer davantage à cette aventure, Je me trouvois alors trois maîtresses à la fois : il faut des talens bien supérieurs pour les conserver, c’est-à-dire, les tromper toutes, et faire croire à chacune qu’elle est unique.

Une femme n’a pas besoin d’être bien pénétrante pour soupçonner des rivales ; la multiplicité des devoirs d’un amant les empêche d’être bien vifs.

Il y en eut une dont je m’ennuyai, et que je quittai bientôt, parce qu’elle étoit trop ce qu’on appelle vulgairement caillette. Une femme de ce caractère, ou plutôt de cette espèce, n’a ni principes, ni passions, ni idées. Elle ne pense point, et croit sentir, elle a l’esprit et le cœur également froids et stériles. Elle n’est occupée que de petits objets, et ne parle que par lieux communs, qu’elle prend pour des traits neufs. Elle rappelle tout à elle, ou à une minutie dont elle sera