Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insensiblement avec tous ses amis, et particulièrement avec sa famille. On n’est pas toujours obligé d’avoir ses parens pour amis ; mais il est décent de vivre avec eux comme s’ils l’étoient, et de cacher au public toutes les dissentions domestiques. Senecé eut avec sa sœur, qui étoit une femme respectable, une discussion qui fit éclat ; tout le monde donnoit le tort à mon ami, et je vis clairement que ce scandale étoit l’ouvrage de la Dornal. Elle connoissoit assez la facilité de son amant pour craindre qu’on ne le lui enlevât ; elle avoit résolu de le subjuguer ; et, comme elle ne se croyoit pas assez jeune pour s’assurer de sa constance, elle commença par l’éloigner de tous ceux dont les conseils auroient pu déranger ses projets. J’eus l’honneur de ne lui être pas moins suspect qu’un autre. Elle fit quelque tentative contre moi auprès de Senecé ; mais, soit qu’elle l’eût trouvé un peu trop prévenu en ma faveur, et qu’elle craignît une indiscrétion de sa part avec moi, soit qu’elle voulût me mettre dans ses intérêts, il n’y eut point d’avances et de bassesses qu’elle ne fît pour me plaire. Elle ajouta encore par là au mépris que j’avois déjà pour elle. J’en parlai à Senecé, et ce fut sans aucun ménagement. Je lui fis sentir, ou plutôt je lui représentai le tort qu’il se faisoit. Apparemment qu’il avoit déjà entendu parler désavanta-