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dame Ponchard devint fort mécontente de ma conduite. Une financière aime à citer souvent un homme de la cour qui lui est attaché ; mais il est encore plus flatteur de se faire voir avec lui en public. L’on fait une partie de campagne où l’on donne un souper ; toutes les autres femmes ont leur amant, et l’on est réduite à parler du sien. Cette situation peut faire du tort à la longue, et donner de mauvaises impressions. Il est bon d’avoir un homme de condition pour en passer sa fantaisie, et n’y pas retourner. Le bon sens l’emporta donc à la fin sur la vanité, et, sans me donner mon congé, madame Ponchard me donna pour associé un jeune commis qu’elle fit entrer dans les sous-fermes, et pour qui elle étoit une duchesse. Je me gardai bien d’éclater en reproches. Je la quittai avec autant de mystère ; je n’eus pas même les égards de rompre avec elle dans les formes, et nous nous trouvâmes libres et débarrassés l’un de l’autre.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.