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la finance, à qui ils doivent peut-être leur existence sans le savoir.

La finance est absolument nécessaire dans un état, et c’est une profession dont la dignité ou la bassesse dépend uniquement de la façon dont elle est exercée.

En donnant à ceux qui l’exercent avec honneur les justes éloges qu’ils méritent, j’avoue que j’ai trouvé plusieurs financiers qui avoient conservé les mœurs de leurs ancêtres. Cela se rencontre parmi ceux qui, avec un cœur bas, ont la tête trop foible pour soutenir l’idée de leur opulence. De ce nombre sont encore plusieurs de ceux qui sont les premiers auteurs de leur fortune. Ces deux espèces de financiers sont rampans, insolens, avares et magnifiques ; c’est même par cet endroit que j’ai d’abord connu la finance.

M. Ponchard, dont le hasard me fit connoître la femme dans le temps que je cherchois un contrepoison au bel esprit, étoit précisément ce qu’il me falloit. C’étoit un de ces nouveaux parvenus. Sorti de la bassesse, il étoit monté par degrés des plus vils emplois aux plus grandes affaires. Il étoit intéressé dans toutes celles qui se faisoient ; et il ne lui manquoit pour décorer, plutôt que pour achever sa fortune, que le titre de fermier général. Sa femme, qui étoit d’une