Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

solent suivant ses pertes ou ses gains, et son mérite étoit à ses propres yeux, comme l’argent dont il étoit idolâtre, sujet à l’augmentation et au décri.

Les financiers de ce temps-là étoient peu communicatifs ; la défiance leur rendoit tous les hommes suspects, et la haine publique mettoit encore une barrière entr’eux et la société.

Ceux d’aujourd’hui sont très-différens. La plupart, qui sont entrés dans la finance avec une fortune faite ou avancée, ont eu une éducation soignée, qui, en France, se proportionne plus aux moyens de se la procurer qu’à la naissance. Il n’est donc pas étonnant qu’il se trouve parmi eux des gens fort aimables. Il y en a plusieurs qui aiment et cultivent les lettres, qui sont recherchés par la meilleure compagnie, et qui ne reçoivent chez eux que celle qu’ils choisissent.

Le préjugé n’est plus le même à l’égard des financiers ; on en fait encore des plaisanteries d’habitude ; mais ce ne sont plus de ces traits qui partoient autrefois de l’indignation que les traités et les affaires odieuses répandoient sur toute la finance. Je sais que personne n’a encore osé en parler avantageusement : pour moi, qui rapporte librement les choses comme elles m’ont frappé, je ne crains point de choquer les préjugés de ceux qui déclament stupidement contre