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l’avenir en conséquence de cette découverte. Ce qui me rendit encore plus complaisant pour les sentimens de madame de Tonins, furent ceux qu’elle m’inspira. Sans être absolument jeune, elle étoit encore aimable ; d’ailleurs, la considération où elle vivoit, quoiqu’assez peu méritée, étoit ce qui piquoit mon goût. L’opinion nous détermine presqu’aussi souvent que l’amour. Madame de Tonins étoit à la mode, et dès lors elle me paroissoit charmante. Le respect que l’on avoit pour elle, ne laissoit pas de m’imposer, et je fus un peu embarrassé sur ma démarche : je pris enfin mon parti. J’arrivai un jour chez elle de si bonne heure, que je la trouvai seule, et je lui déclarai mes sentimens.

Madame de Tonins ne fut ni offensée, ni embarrassée de ma déclaration. Je n’emploierai point avec vous, me dit-elle, la dissimulation si ordinaire aux femmes en pareille occasion ; je suis sensible à votre hommage. Votre figure me plaît, j’estime votre caractère, et votre esprit m’amuse ; mais, avant d’écouter vos sentimens, il faut que vous soyez instruit des miens, et c’est déjà vous donner une très-grande marque de confiance.

Il y a deux choses auxquelles je suis également sensible, et que je prétends concilier, quoiqu’elles paroissent inalliables, le plaisir et la