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rable, un rang distingué, une figure aimable, et peut être de l’esprit, voilà la source de mes travers. Il me semble que de tels avantages pouvoient produire autre chose, si l’on m’eût enseigné le devoir et l’art d’en tirer parti.

Mon père croyoit apparemment qu’un fils n’est qu’un héritier ; car il ne s’occupa nullement de mon éducation, il s’en reposa uniquement sur l’usage. On me donna un de ces gouverneurs qu’on va, pour ainsi dire, prendre à un bureau d’adresses, et qui n’étoit auprès de moi qu’un domestique de plus. Il lui fut simplement ordonné de me suivre, et je lui défendis de me donner des conseils.

Il prit son parti là dessus, et attendit tranquillement le temps où on le renvoya avec une récompense qu’il n’eût sans doute pas obtenue, s’il se fût mis en devoir de la mériter.

Personne avant moi n’étoit entré si jeune dans le monde. Les jeunes gens occupés de leurs exercices, vivoient entre eux, et ne commençoient à paroître que pour rendre des devoirs. Ils étoient obligés d’avoir un maintien décent, et d’écouter jusqu’à ce qu’ils eussent perdu leur ton pour en prendre un plus convenable. D’ailleurs, on vivoit encore assez dans l’intérieur de sa famille, ce qui pouvoit y entretenir l’union. Il n’y avoit pas alors à Paris ces maisons ouvertes,