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doit-on enseigner ? comment doit-on l’enseigner ? voilà, ce me semble, les deux points sur lesquels devroit porter tout plan d’étude, tout système d’instruction.

Les artisans, les artistes, ceux enfin qui attendent leur subsistance de leur travail, sont peut-être les seuls qui reçoivent des instructions convenables à leur destination ; mais on donne absolument les mêmes à ceux qui sont nés avec une sorte de fortune. Il y a un certain amas de connoissances présentes par l’usage, qu’ils apprennent imparfaitement, après quoi ils sont censés instruits de tout ce qu’ils doivent savoir, quelles que soient les professions auxquelles on les destine.

Voilà ce qu’on appelle l’éducation, et ce qui en mérite si peu le nom. La plupart des hommes qui pensent, sont si persuadés qu’il n’y en a point de bonne, que ceux qui s’intéressent à leurs enfans songent d’abord à se faire un plan nouveau pour les élever. Il est vrai qu’ils se trompent souvent dans les moyens de réformation qu’ils imaginent, et que leurs soins se bornent d’ordinaire à abréger ou aplanir quelques routes des sciences ; mais leur conduite prouve du moins qu’ils sentent confusément les défauts de l’éducation commune, sans discerner précisément en quoi ils consistent.