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mes. Telle est l’éducation qui devroit être générale, uniforme, et préparer l’instruction qui doit être différente, suivant l’état, l’inclination et les dispositions de ceux qu’on veut instruire. L’instruction concerne la culture de l’esprit et des talens.

Ce n’est point ici une idée de république imaginaire : d’ailleurs, ces sortes d’idées sont, au moins, d’heureux modèles, des chimères, qui ne le sont pas totalement, et qui peuvent être réalisées jusqu’à un certain point. Bien des choses ne sont impossibles que parce qu’on s’est accoutumé à les regarder comme telles. Une opinion contraire et du courage rendroient souvent facile ce que le préjugé et la lâcheté jugent impraticable.

Peut-on regarder comme chimérique ce qui s’est exécuté ? Quelques anciens peuples, tels que les Égyptiens et les Spartiates, n’ont-ils pas eu une éducation relative à l’état, et qui en faisoit en partie la constitution ?

En vain voudroit-on révoquer en doute des mœurs si éloignées des nôtres : on ne peut connoître l’antiquité que par les témoignages des historiens ; tous déposent et s’accordent sur cet article. Mais, comme on ne juge des hommes que par ceux de son siècle, on a peine à se persuader qu’il y en ait eu de plus sages autrefois, quoiqu’on ne cesse de le répéter par humeur. Je