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droit comparer, et l’on seroit toujours suspect de partialité. D’ailleurs l’étude des hommes avec qui nous avons à vivre, est celle qui nous est vraiment utile.

En nous renfermant dans notre nation, quel champ vaste et varié ! Sans entrer dans des subdivisions qui seroient plus réelles que sensibles, quelle différence, quelle opposition même de mœurs ne remarque-t-on pas entre la capitale et les provinces ? Il y en a autant que d’un peuple à un autre.

Ceux qui vivent à cent lieues de la capitale, en sont à un siècle pour les façons de penser et d’agir. Je ne nie pas les exceptions, et je ne parle qu’en général : je prétends encore moins décider de la supériorité réelle, je remarque simplement la différence.

Qu’un homme, après avoir été long-temps absent de la capitale, y revienne, on le trouve ce qu’on appelle rouillé ; peut-être n’en est-il que plus raisonnable ; mais il est certainement différent de ce qu’il étoit. C’est dans Paris qu’il faut considérer le François, parce qu’il y est plus François qu’ailleurs.

Mes observations ne regardent pas ceux qui, dévoués à des occupations suivies, à des travaux pénibles, n’ont partout que des idées relatives à leur situation, à leurs besoins, et indépendantes